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Carnets népalais

27 juillet 2011 • Rubrique: Carnets de Culture

Les réligions, au Népal

Le Népal, seul pays au monde dont la religion hindoue est religion d’Etat, et dont le souverain est considéré comme une réincarnation de Vishnou, est aussi un pays où deux religions coexistent: le bouddhisme et l’hindouisme.
Bien que la population soit officiellement répartie entre 85% d’hindouistes, 8% de bouddhistes, l’histoire ne mentionne aucun conflit entre les deux grandes religions, et au contraire, on assiste à une véritable symbiose, puisque les Népalais se rendent successivement sur chaque lieu de culte. Mais durement tenue à l’écart, se trouve une minorité de chrétiens et de musulmans.

Par les rites, hindouisme et bouddhisme sont similaires: les dévots pratiquent les offrandes « les pujas », les ablutions dans les rivières, et vénèrent toujours le Dieu qu’ils « croisent » devant les nombreux petits temples, en le couvrant de pétales de fleurs et de grains de riz.

L’hindouisme

Depuis mille ans avant JC, l’hindouisme est la première religion en Asie par son nombre d’adeptes, même si elle n’est pratiquée qu’en Inde, à Bali, à l’île Maurice et au Népal.
Quatre textes sacrés, « les Védas », exposent les principes de l’hindouisme, dont le texte des Upanishad, qui expose l’approfondissement métaphysique de l’univers et de l’âme, et le poème épique du Mahabharata, qui décrit les luttes fratricides entre Pandava et Kaurava, raconte l’histoire de Rama.
L’hindouisme postule que l’homme doit sortir du cycle de réincarnations, avant d’atteindre le nirvana, le « moksha », et être libéré. Et à chaque réincarnation, c’est la loi du Karma qui détermine si l’homme peut s’approcher du moksha final, selon qu’il a produit des actions maléfiques ou non.

Le « dharma » est une loi qui définit l’harmonie sur les plans social, spirituel, et moral. Le premier dharma définit l’harmonie éternelle de tout l’univers, tandis que le second définit l’harmonie entre castes, et le dernier le code moral de chaque individu.

  • Rites hindous:

Les hindous sont coutumiers des pujas, offrandes portées aux Dieux, et des crémations de leurs morts.
Par ailleurs, une des différence majeure entre l’hindouisme et le bouddhisme tient dans la création du système des castes. La règle est la suivante: l’homme naît hindou, mais ne peut le devenir, aucune conversion n’étant autorisée. Par ailleurs, dans sa vie, il ne peut changer de caste.
La deuxième originalité de l’hindouisme tient aux cérémonies de sacrifices d’animaux, afin d’apaiser la déesse assoiffée de sang, Durga. Seuls les mâles peuvent être tués, aussi bien lors des fêtes, que chaque mardi et chaque samedi. Les animaux condamnés sont choisis pour être ceux qui représentent les cinq vices fondamentaux de l’homme: la colère, symbolisée par le buffle, la convoitise, symbolisée par le bouc, la stupidité, symbolisée par le mouton, la lâcheté symbolisée par le coq, et l’ignorance, symbolisée par le canard. Sacrifier un animal à un Dieu lui assurerait une meilleure réincarnation…

Les principaux Dieux sont Brahma le créateur, Vishnou le protecteur, et Shiva le destructeur et régénérateur.
Ces Dieux ont tous la particularité d’avoir quatre bras, et Brahma a de surcroît quatre têtes.

  • Les sadhus:

Ce sont des hommes ascètes, qui décident d’abandonner les biens du monde, pour se consacrer à la spiritualité. Originaires de toutes castes et de toutes professions, ils errent à travers le pays et parcourent les lieux de pèlerinage indiens. Souvent fidèles de Shiva, plus que de Vishnou, ils portent le trident, se promènent souvent nus, couverts de cendres, avec leurs cheveux et barbes en broussaille, et le front marqué de lignes horizontales colorées par le tika, pâte de santal rouge.
Pour accéder au titre de sadhu, les fidèles sont soumis à une formation d’une semaine : après trois jours de diète, ils sont soumis à trois jours de prière. Le sadhu se voit alors attribuer une prière qui lui est personnelle, et qu’il récitera toute sa vie, ainsi qu’un pseudonyme sadhu.
Il existe différents types de sadhus, et durant sa vie, le sadhu peut être amené à changer de catégorie, de grade, de rôle.

Le boudhisme

Le bouddhisme est plus une éthique qu’une religion, fondée 500 ans avant JC, en Inde, lorsque le prince Siddhartha, alias le Bouddha, reçut l’Illumination.

  • L’histoire du Bouddha :

Né en 563 av JC à Lumbini, au Népal, fils d’un « raja », prince local, le prince Siddhartha épouse à l’âge de seize ans la fille d’un raja voisin. A vingt neuf ans, lors d’une promenade, il fait la découverte de la misère humaine, puisqu’il croise sur son chemin un aveugle, un malade, et un mort qu’on dépose sur le lieu de crémation. De retour dans son village, il interroge sadhus, sages, et prêtres pour que quelqu’un lui apporte une explication et lui dise d’où vient cette misère humaine. Comme il ne reçoit aucune réponse satisfaisante, il décide de se couper les cheveux avec un sabre, de renoncer aux biens et aux plaisirs du monde, et de se mettre à la recherche de la Réponse.
Après cinq années de vie d’ascète sans qu’il soit parvenu à une quelconque vérité, Siddhartha se trouve un jour, alors qu’il séjourne à Bodh Gaya, en Inde, confronté au démon Mara, « détenteur de la Roue de la vie ». Lorsque, devant Mara, Siddhartha réussit à faire trembler la Terre, après qu’il l’eut touchée, il prouva qu’il avait acquis la « Connaissance ». Depuis ce jour, Siddhartha porta le nom de « l’Eveille », le Bouddha.
Les quarante neuf années suivantes furent pour Bouddha celles de la mise en place de sa théorie de la Modération, de la voie Moyenne.
Selon cette idée, afin de nous soulager de nos souffrances, d’éliminer nos désirs, et atteindre plus vite le nirvana, sans être éternellement dans le cycle des réincarnations régi par le Karma, l’homme doit suivre le « Noble Octuple Sentier », dont les principales directions sont les suivantes :
-Vision et compréhension justes
-Aspirations justes et intentions propres
-Paroles vraies
-Comportements justes
-Vocation et existence justes
-Efforts justes et persistants
-Attention juste et retenue
-Concentration persistante
Ensuite, Bouddha créa une communauté de bouddhas, le « Sangha », qui respectait ces règles, se privait de tous les biens pour vivre dans la Méditation, et conduire les hommes vers le Nirvana, « extinction » ou libération de l’Ego dans le Tout, et qui par ailleurs rejetait le système hindou des castes.
Pourtant, si Bouddha a exposé sa théorie, il n’a laissé dans sa vie aucune trace écrite de sa loi, le Dharma. Après sa mort en Inde, à l’âge de quatre-vingt quatre ans, le bouddhisme fut répandu en Inde d’une part par ses disciples, et d’autre part par l’Empereur Asoka au III ième avant JC.

  • Les Schismes

Par la suite, un siècle après le décès de Bouddha, en 480 avant JC, des divergences apparurent dans les communautés bouddhiques, sur l’interprétation de la philosophie de Bouddha.
Deux doctrines religieuses s’opposent : le Theravada (doctrine des anciens) ou Hinayana qui affirme que le nirvana est une recherche individuelle, et le Mahayana, « Grand Véhicule », doctrine moins austère qui préconise que c’est par la foi commune que l’humanité atteindra le Salut, et qui ajoute le concept de la compassion, en intronisant des moines ayant déjà atteint la Connaissance, aux services des autres, les Bodhisattva, « Moines éveillés ».
Puis, le Vajrayana succède au Mahayana : c’est une doctrine qui va de l’éthique à la religion, en introduisant une déification du Bouddha. Les représentations visuelles de Bouddhas sous forme de statues se multiplient, un véritable culte de Bouddha est introduit. Par ailleurs, le Vajrayana introduit le concept de l’existence de plusieurs sortes de Bouddhas :
le Bouddha historique,
les Bouddhas du passé (Dipankava),
les Bouddhas du futur (Maitreya),
le Bouddha éternel et transcendant (Adi bouddha, dit aussi bouddha primordial, sans commencement et sans fin, « né de lui même »), qui a donné son nom au lieu de culte Swayambhunath.
les cinq Dhyani Bouddhas de méditation, qui se partagent l’espace terrestre et spirituel. Au Népal, les Dhyani Bouddhas figurent, face à l’un des points cardinaux, sous forme de statues accroupies sur les chaityas, petits temples.
Le cinquième Dhyani Bouddha, dont la place cardinale serait le centre, le zénith, est représenté sur une fresque :son nom signifie « Lumière brillante », sa couleur est le blanc, sa signification est la Prédiction.
Le Dhyani Bouddha Face Sud, Ratnasambhava ou « Première naissance ». De couleur jaune, sa signification est la compassion.
Le Dhyani Bouddha Face Ouest, Amithaba ou « Lumière infinie ». De couleur rouge, sa signification est la Méditation.
Le Dhyani Bouddha Face Nord, Amogasiddhi ou « Pouvoir infaillible ». De couleur verte, sa signification est la Bénédiction.
Le Dhyani Bouddha Face Est, Akshobhya ou « Sérénité ». De couleur blanche, sa signification est la Prise à témoin de la terre.

Aujourd’hui, le bouddhisme vajrayana survit grâce à la présence des lamas, maîtres spirituels qui initient leurs élèves aux instructions bouddhiques.

  • Le tantrisme

Au premier siècle avant JC, sous l’influence de divers gurus au sein de l’école Mahayana, un nouvel avatar du Mahayana est apparu : le tantrisme, ou philosophie mythique liée à des principes d’actions qui doivent mener à l’Eveil.
Le mot « tantra », qui signifie en sanscrit tisser, illustre le fait que, seule l’Action peut permettre d’accéder rapidement au Nirvana. Les fils à tisser consisteraient à pratiquer des rites d’offrandes, à contrôler les activités physiques, à pratiquer une intense méditation (formules incantatoires, moulins à prières). Selon cette philosophie, c’est le Mouvement qui crée l’Energie.
Le tantrisme introduit aussi deux nouvelles conceptions, celle de la soumission inconditionnelle aux directives du guru, et par ailleurs, la jouissance de tous les plaisirs, mêmes ceux rigoureusement rejetés, comme la consommation de boissons alcooliques et l’union sexuelle.

  • Quelques rites bouddhiques

A l’entrée d’un gompa (monastère ou temple), le fidèle se prosterne devant le portail, lève les deux mains au dessus de la tête, s’agenouille, touche le sol de son front, puis s’étend de tout son corps sur le sol.
A l’intérieur du gompa, il effectue à nouveau trois fois ces mêmes gestes devant les Dhyani Bouddhas, orne avec un coton blanc, quelques fleurs et grains de riz, la statue du Dalai Lama.
Puis, il verse un peu de beurre dans les 108 coupelles de bougies, manière de leur offrir le l’énergie pour les aider dans leur rôle de dissipation de l’obscurité due à l’ignorance.
En sortant, il fait tinter la cloche et tourner les moulins à prières.

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